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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 00:04
autres-actualite-marseille-france-1134971529-1123541.jpgEn Seine-Saint-Denis, vidée de ses médecins, "soigner prend tout son sens" pour le docteur Mirghane

Sa bicyclette est désormais familière aux habitants de la cité des Francs-Moisins, à Saint-Denis.

Tous les vendredis, qu'il pleuve ou qu'il vente comme ce 1er février, le docteur Yasmine Mirghane Kassimou visite à domicile ses patients les plus âgés. Sac à dos, minivélo, la jeune femme a ouvert son cabinet libéral en juillet 2006. "Ici, je me sens à l'aise, explique-t-elle. Quand tu travailles dans les cités, tu apprends à comprendre les peurs. Et je ne vois aucun voyou, je ne soigne que des gens normaux."

Yasmine Mirghane fait un peu figure de pionnière à Saint-Denis, une ville que les médecins désertent plus qu'ils ne s'y installent : 14 généralistes sont partis depuis 2000, alors que 10 seulement sont arrivés. La densité médicale de la commune est déjà inférieure à la moyenne (7,7 médecins pour 10 000 habitants, contre 9,7 en Ile-de-France). Le pire est à venir, puisque 75 % des médecins installés ont plus de 50 ans. Certains quartiers populaires sont menacés de devenir des déserts médicaux.

Pour pouvoir repeupler les banlieues en médecins, il faudra tenir compte des aspirations des jeunes diplômés, dont 70 % sont des femmes. Yasmine Mirghane, 36 ans, a ainsi beaucoup pesé "le pour et le contre" avant de s'installer. Elle ne voulait pas exercer à l'ancienne, en solitaire, et cherchait un cabinet de groupe. Elle a failli s'associer à ses collègues installés au coeur des Francs-Moisins, mais la crainte qu'ils ne soient pas remplacés après leur départ à la retraite l'a fait reculer. La question de la sécurité a aussi pesé. "Il y a quelques semaines, un collègue s'est fait agresser, un soir, en sortant de son cabinet, en plein centre de Saint-Denis, raconte-t-elle. Moi-même, je fais attention à ne pas finir trop tard le soir."

La jeune femme a finalement repris le cabinet d'un médecin, parti en province après quinze ans d'exercice, situé à la lisière de la cité des Francs-Moisins. Le soutien de l'ensemble des collègues du quartier a été déterminant. "Dès que j'ai un problème, d'ordre médical ou administratif, je n'hésite pas à les appeler, on travaille vraiment un réseau, en se parlant en permanence." Jeune maman, elle est relayée par un confrère, qui lui assure ses remplacements. "Sans lui, sans l'appui de mon mari et de ma mère, je n'aurais pas tenu, ni physiquement ni moralement."

Les débuts ont été difficiles. Il a fallu réorganiser le cabinet, qui fonctionnait comme un dispensaire, et canaliser le va-et-vient incessant de malades. Informatiser les dossiers médicaux de près de 3 000 patients. Comprendre les arcanes et les subtilités de l'assurance-maladie. Fidéliser une clientèle aussi, pour pouvoir faire de la médecine au long cours, celle qui l'intéresse.

"Ici, ce n'est pas de la bobologie, je fais beaucoup de prévention et d'éducation à la santé", explique-t-elle. Le docteur Mirghane suit surtout des maladies chroniques lourdes, des personnes diabétiques ou hypertendues, des pathologies respiratoires aiguës. "Pour certaines personnes, prendre un médicament systématiquement est loin d'être évident, notamment parce qu'elles n'ont pas conscience de la gravité de leur état, raconte-t-elle. Souvent, je leur demande d'apporter les boîtes avec eux pour me montrer ce qu'ils prennent."

Le médecin constate que la santé est largement considérée comme un luxe dans les quartiers en difficulté. "Beaucoup de mes patients dépassent de peu le plafond permettant d'accéder à la couverture maladie universelle (CMU, fixé à 606 euros par mois pour une personne). Et comme ils n'ont pas suffisamment de revenus pour s'offrir une mutuelle, ils se privent de soins", déplore-t-elle. Depuis quelques mois, la situation s'est durcie : "Auparavant, quand une personne était en affection longue durée avec une prise en charge à 100 %, on faisait passer ses autres soins comme tels. Maintenant, l'assurance-maladie nous contrôle sévèrement. Les patients doivent donc payer plus. Certains le prennent très mal ; ils ont le sentiment d'être délaissés par la collectivité."

Malgré les journées harassantes, les patients qui arrivent jusqu'à 20 h 30 avec un problème urgent, Yasmine Mirghane ne regrette en rien son choix professionnel. "Je comprends mes jeunes collègues qui hésitent à venir, mais la contrepartie, c'est un travail vraiment passionnant, plaide-t-elle. Il faut avoir la fibre sociale et être intéressé par une prise en charge qui va bien au-delà de la médecine traditionnelle. C'est parfois usant, mais ici, soigner prend tout son sens. Et si on ne le fait pas, qui le fera ?"

Cécile Prieur
Article paru dans LE MONDE - édition du 16.02.08.


Rappelons qu'à Tremblay-en-France, il existe un Pôle municipal de Santé, situé 7bis Cours de la République (Tél : 01.48.61.87.97) et qui est ouvert du Lundi au Vendredi de 8h30 à 12h et de 13h30 à 19h30 ; le Samedi de 8h30 à 12h. Cet équipement, est un des choix forts de l'actuelle municipalité au bénéfice de tous les Tremblaysiens et, tout particulièrement, en faveur des populations les plus fragilsées.

Le Pôle municipal de Santé permet à une équipe pluridisciplinaire d'assurer une continuité de services dans le domaine des soins et de l'information (médecine générale, cabinet dentaire, cardiologie, ORL, dermatologie, gynécologie, phlébologie, rhumatologie, traumatologie du sport, soins infirmiers). Ces activités sont ouvertes à tous (environ 14.000 consultations par an).

La pratique du tiers payant facilite l'accès aux soins en dispensant de l'avance partielle ou totale des frais occasionnés par les soins :

- Sur présentation d'une carte d'assuré social à jour, l'assuré et ses ayants droit ne règlent que le ticket modérateur.

- L'exonération complète de l'avance des frais est possible,

. pour les patients en longue maladie (A.L.D.)

. pour les familles bénéficiant de la CMU
. pour les mutualistes de certaines mutuelles


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